mardi 3 juin 2014

Le jour où tout a commencé : Le 25 juillet 2013


Comme je vais partager avec vous des moments intimes de mon quotidien, des moments intenses, des points de vue. Comme cette envie est née après la lecture d'autres blogs, où d'autres mamans ont partagé avec moi, sans savoir que je les lisais, ni d'où je les lisais, ni pourquoi, leurs moments d'intimités. Elles m'ont faite confiance, sans savoir qui j'étais. Je me dois de démarrer avec vous ce blog, là où tout à commencé. Après 9 mois. En toute sincérité.

Tout a commencé avec un reportage sur le cerveau du bébé. Non je ne blague pas. Les premières contractions sont apparues le soir du 25 juillet 2013 devant un reportage sur le cerveau du bébé. J'avais refais, défais et refais la valise de naissance de Lino, celle que j'avais tant imaginée et qui n'avait pas cet air que je voulais lui donner. Cette perfection, ce chic rétro bleu ciel, ce petit quelque chose de plus et pour laquelle je me suis contentée d'un joli sac de change acheté chez "Du pareil au même" faute de temps pendant les soldes de juin. Trop impatiente de plier ses tous petits vêtements acheté rien que pour lui. Ce moment m'aidé à me rapprocher de lui, lui que je ne connaissais pas encore. Lui que je n'osais même pas imaginer. C'est ce soir là qu'il a voulu venir au monde.

Un reportage sur le cerveau du bébé que j'écoutais à moitié. Elles ont commencé petites mais intenses. Ces contractions. C'était pas grand chose et je les attendais de pied ferme, je les envié, les imaginé, les simulé même. Je n'étais même pas sûr de savoir si c'était bien ça ou non, si c'était mon imagination cette fois, ou non. Je me souviens juste avoir embarqué dans la voiture, nos deux valises dans le coffre, comme si j'allais chercher quelqu'un à l'aéroport. C'était la nuit et j'étais prête.


Lors du séjour à l'hopital
Hélas, le premier hôpital (oui, il y en a eu deux en tout) m'a renvoyé chez moi au bout de 24h de souffrance inutile. Je ne comprenais rien à ce qui m'arrivait. Rien. Le corps médical était occupé, pressé, peu à l'écoute. Tout semblait si normal autour de moi et pourtant en moi la tempête se déchainait. A mon retour à la maison, nous avons commandé des frites. On m'a massé les épaules. Et la vie reprenait son cours alors qu'en moi tout m'annonçait la venue de Lino imminente. J'ai dormi, sué, fait des cauchemars, souffert. Nous avons donc décidé de repartir dans un autre hôpital. Cette fois c'était sans doute la bonne. Mais comme je n'avais plus confiance en la perception de mon propre corps, j'ai laissé la valise à la maison. Elle ne comptait plus. Plus du tout. Tout ce qui comptait c'était qu'il vienne au monde, nu comme un verre, et que je puisse le prendre dans mes bras.

 Après une nuit intense,  le coeur de mon petit bébé s'est arrêté net au beau milieu de la nuit, la machine a fait un son aigu qui m'a sorti de ce sommeil profond et réparateur.  J'ai vu les yeux mouillés de son père, les infirmières courir, me percées les eaux, et soudainement il a reprit son souffle, son élan de vie, et là j'ai compris. J'ai compris à quel point ce petit bout en moi était un être fort, intouchable, puissant, et à qui il n'arriverait rien, jamais rien. Quand à moi, on m'annonçait à 9h du matin qu'une césarienne était indispensable mais comportait des risques vu mes dernières 38h plutôt mouvementées et épuisantes.


Je me sentais partir, j'avais les yeux lourds, et je me disais que peut être jamais je ne verrai mon fils. J'avais peur, peur de mourir là, qu'on me laisse comme morte et qu'on me l'enlève à jamais. Lorsqu'ils m'ont ouvert le ventre, leur conversation semblait décontractée, presque anodine, j'en oublié même ce pourquoi j'étais là et ces derniers instants de solitude. Je regardais mon compagnon angoissé à mes côtés et je m'apprêtais peut être à lui dire adieu dans un dernier souffle. Je répétais sans cesse "je m'endors, je m'endors". Je luttais contre mes yeux qui se fermaient, j'avais peur de ne plus jamais les ouvrir à nouveau. De ne jamais savoir qui il était, à qui et à quoi il ressemblait. Si il allait bien. Tout simplement.

Ils ont sorti Lino. J'ai vu son corps bleu et gluant voler au dessus de ma tête. Tout le monde est sorti. Personne n'a rien dit. J'avais le souffle coupé. Le téléphone sonna, et j'essayais de comprendre ce qui se disait à travers l'écho dans la pièce. Etait-il vivant ? Si il était mort, et que moi j'avais survécu ? Me le diraient-ils ? Où l'ont-ils amené ? Est-ce normal ? Les minutes étaient longues. Mon ami était parti en courant lui aussi. Que vivait-il à l'instant ?

Il est revenu avec Lino dans les bras, il me l'a tendu, mais moi j'étais immobile. Complètement paralysée. Il était emmailloté dans des feuilles d'or. Je ne voyais que son nez. Son nez était la copie conforme du mien. C'était vraiment mon fils. Et il était vivant. Il avait toujours existé dans mon ventre. Ce n'était pas une impression, un rêve, mon imagination. Son nez. Je ne voyais que son nez. Ses petites narines en forme de gouttes.  Je n'ai pas pu parler. Pas trouvé les mots. Pas d'émotion. Juste un choc intense impossible à faire sortir, le ventre encore à moitié décousu et les jambes paralysée.


Il est reparti. Je suis restée là, seule, avec son nez comme seul bouée à laquelle m'accrocher. Je me suis mise à pleurer car j'étais impuissante allongée là. Où allait-il ? Que voyait-il ? Comment ressentait-il ? Et la valise ? Les jolis vêtements pliés avec soin en pensant à lui ?

Voilà comme Lino est né, un samedi 27 juillet par temps de pluie. Et voilà pourquoi aujourd'hui j'ai une confiance incroyable et sans borne en lui. Mon bonhomme est le plus fort du monde et je suis la maman la plus heureuse du monde pour l'éternité. Il a changé ma vie, en profondeur, en largeur, en longueur. Il est ce que j'ai de plus précieux au monde. Comment ne pourrait-il pas l'être ?



4 commentaires:

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  2. Ton récit est très touchant, Maurane.
    Je pense qu'il refera vivre à toutes les mamans qui vont le lire ce moment merveilleux de la rencontre avec leur petit.
    Merci d'avoir partagé ces mots.
    C'est ce que je te souhaite pour ce blog: qu'il soit un bel endroit de partage.

    Nathalie

    ps: je suis moi aussi née un 27 juillet.

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    1. Merci Nathalie !

      Moi qui voulait inviter le petit Lino (le tien) avec ses parents le 27 juillet au goûter de ses un an, c'est raté alors ? :)

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  3. Emouvant ma belle <3 Merci de ce beau partage :)

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